Articles originaux
En interrogeant le passé, l’histoire et l’archéologie éclairent les dynamiques qui façonnent nos sociétés. Chaque étude, chaque découverte est une nouvelle porte ouverte sur la compréhension des civilisations anciennes, des mouvements sociaux et des identités culturelles. Ce numéro 10 se présente comme une mosaïque riche et variée de réflexions sur des sujets à la fois éloignés dans le temps et pourtant résolument actuels dans leurs enjeux. Les rites de naissance chez les anciens Égyptiens, étudiés par Phil. Mouhamadou Nissire Sarr et Cédric Mbah, rappellent que les premières heures de la vie étaient déjà, dans ces temps reculés, entourées de symboles puissants et d’une sacralité qui dépasse les simples contingences biologiques. La naissance n’était pas seulement un événement familial, mais une véritable institution sociale, porteuse de sens pour la communauté tout entière. Les réformes monastiques de 816 et 817, analysées par Éric Damien Biyoghe Bi-Ella, dévoilent quant à elles les fondements d’une modernisation médiévale audacieuse, pendant que l’Empire carolingien tentait de réorganiser le monde monastique et, au-delà, l’imperium. Ces réformes, parfois oubliées, ont laissé une empreinte indélébile dans l’histoire des institutions européennes. David Maura et Pauline Bava’a Haydamai transportent le lecteur dans le Nord-Cameroun, à la découverte de la danse comme un patrimoine vivant, identitaire et politique, qui témoigne de la résilience des Mafa face aux vicissitudes de l’histoire. Leur étude montre combien la danse, souvent reléguée au domaine du folklore, peut devenir un outil de résistance et d’affirmation culturelle. L'article de Mamadou Bamba introduit le lecteur dans l’histoire de la Côte d’Ivoire et la formation du sous-groupe Baoulé Kode. Il révèle les mouvements migratoires et les recompositions identitaires qui ont marqué le centre du pays aux XVIIIe et XIXe siècles. Cette étude met en lumière l’importance de l’histoire locale pour comprendre les enjeux nationaux actuels. À travers le prisme de la Société du Haut-Ogooué (SHO), Fabrice Anicet Moutangou et Gilchrist Anicet Nzenguet Iguemba analysent un investissement stratégique ayant façonné le Gabon colonial. Ainsi, ouvrent-ils la voie à une réflexion plus large sur la gestion des ressources et le patrimoine foncier en Afrique centrale. Le Prince Adingra, figure politique du Royaume Abron-Gyaman, fait l'objet d'une étude avenante de Magloire Kra et Frédéric Secre. Ils démontrent combien le parcours de ce personnage reflète les débats politiques complexes qui ont traversé cette région entre 1922 et 1963. Chikouna Cisse, de son côté, revisite la transition du travail forcé à l’apostolat du travail en Côte d'Ivoire. La transformation sociale et politique s’inscrit dans la période coloniale, mais les répercussions se font encore sentir aujourd'hui. Le travail de Judicaël Etsila explore les liens entre malbouffe et désorganisation sociale à Libreville à travers les pratiques alimentaires, tout en posant un regard critique sur les transformations sociales au Gabon contemporain. Ce thème trouve des résonances globales dans un monde où l’alimentation est de plus en plus source de débats. L’enquête menée par Essoh Nome Rose de Lima sur le Lèbutu basl en pays odzukru questionne les modalités d’adaptation de la « modernité » dans des sociétés africaines traditionnelles, illustrant les tensions entre préservation des traditions et ouverture au changement. Nonhontan Soro et Doyakang Fousseny Soro entrainent le lecteur dans les dynamiques économiques contemporaines en Côte d’Ivoire, à travers l’analyse de la filière cola, véritable moteur de développement social et économique ces dernières années. Enfin, l’inventaire archéologique du Sénégal proposé par Ibrahima Khalilou Diagne rappelle, avec une urgence certaine, que la sauvegarde du patrimoine est un enjeu crucial pour la transmission des savoirs et la préservation de la mémoire collective. Ce numéro témoigne de la vitalité des recherches en histoire et archéologie et invite les lecteurs à réfléchir sur la manière dont ces études contribuent à mieux comprendre le monde d’aujourd’hui en le mettant en perspective avec son passé. Au-delà des spécificités régionales ou thématiques, c’est une réflexion universelle sur le temps, la mémoire et l’identité que ce numéro 10 propose aux lecteurs.
Dr Martial Matoumba,
Secrétariat HISTARC
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